La Légende des Sirènes
mes sauvageonnes préférées,
bon, ça s’est fait pour vous faire patienter ...
« On dit que parfois en haute mer,
des belles femmes au corps de poisson viennent charmer les pêcheurs
et les entraîner dans les abîmes de la mer »
la grande descente
Bref, maintenant place aux jeux et aux ballades.
Tu viens ?
Ça, c’est la dernière phrase de « Eul’GRAS »
(le sujet précédent)
Mais SIIII ! Souviens-toi, je t’invitais à m’accompagner
dans les ballades et dans les jeux.
Pfff …
Les ballades en montagne
J’ai jamais autant couru de ma vie …
Si si, je t’assure.
J’aimais dévaler les pentes à toute vitesse. J’adorais ça, courir jusqu’à en perdre l’équilibre et finir ma course en d’hasardeux roulés boulés, essoufflé et les genoux meurtris.
En haut de la pente, je regarde le bas ; ma tête du haut tranquile, pépère me conseille : d’en rester là.
Moi, je n’ai qu’une envie c’est de plonger et me laisser griser par la vitesse ; je veux maîtriser ma course et garder le contrôle de mes jambes le plus longtemps possible : C’est mon challenge.
Lentement, je m’engage dans la périlleuse aventure .
Longtemps j’hésite ; comme pour le saut en hauteur aux jeux olympiques : concentré je suis.
Le torse légèrement plié vers l’avant, le pied gauche pointe en l’air et l’autre bien à plat à l’arrière, je me balance de l’un à l’autre
Hii Haa ! C’est parti.
Oh P***** ! Le C** !
Je regrette déjà … Trop tard … Très vite, le rythme s’accélère. Mes articulations choquées saccadent ma course. Je me donne du courage en criant, et à chaque foulée, je m’entends :
AH ah AH ah AH Oh Oh Oh Oh oh
Y’a rien à faire je ne peux y échapper, ça se termine toujours par une majestueuse gamelle . Maintenant que j’y repense, cela ne pouvait que se terminer ainsi, et même beaucoup plus mal, j‘ai eu de la chance.
Mais c’est de sa faute aussi à “ELLE”, elle me regarde tout le temps, alors je crois que c’est parce qu’elle admire mon courage, alors je plonge, je veux l’impressionner. Pfff …
Je suis sûr qu’elle devait penser «il est aussi naze que les autres … pff»
Qu’est-ce-qu’on peut être C** parfois (Tout ça pour épater une fille Pff !).
Des cavalcades y’en a eu, mais alors le nombre de cabanes, je ne t’explique même pas. “ELLE”, elle voulait toujours soigner l’intérieur, moi je veillais à la qualité de la construction extérieure. C’était comme ça, “ELLE” en avait décidé ainsi.
Aaarh Purée ! j’en ai trimballé des bouts de bois ; je lui en ai rapporté des pierres pour faire joli ; Aaarh, et pis du lierre pour çà et pis du genêt pour ci … Ah la sal’té, elle m’aura fait marcher celle-là !
Ah ! Autre chose :
Je sais pô comment elle se débrouillait, mais elle avait toujours des morceaux de pain, du chocolat ou des pâtes de fruits, et elle improvisait un repas.
**************************
Un jour, une gamine trouve un piaf mort, sans vie. Là, “ELLE” décide de l’inhumer comme il se doit.
« BÔ ? »
Pas la gamine, mais le piaf … T’es C** aussi quand tu t’y mets, TOI !
Un véritable mausolé nous lui avons dédié à c’te piaf.
Les plus beaux cailloux du monde en délimitaient la sépulture. Un périmètre de 9 m2 avec au centre la riquiquite tombe du p’tit Titi. Pas une tombe creusée … Nooon ! Non Non Non : c’était le genre de tombe à l’ancienne, comme seuls les enfants savent le faire.
On avait posé le moineau sur le sol, et nous l’avions recouvert d’un petit tas de terre …
Au début des funérailles , j’avais envie de pouffer
(et ma tête du haut, je t’en cause pas)
Des piafs occis, j’en avais vus des tas dans ma cambrousse, et s’il avait fallu que je les enterre tous : j’y serais encore !
Alors c’était pô leur passereau déplumé qui allait m’émouvoir !
Mais toujours pareil …, et toujours pour lui faire plaisir .
Je me pliais à ses désirs. Là encore, j’en ai charrié des cailloux et des petites fleurs jaunes.
En fait, c’était mon premier enterrement, mais ma tête et moi savions que pour elle ce n’était pas le cas. Nous avions compris qu’elle transposait … “ELLE” fleurissait la tombe à sa maman …
Alors, je lui dégotte les plus belles fleurs, les plus beaux graviers.
On aurait dit une maquette d’un jardin public. Un enclos, des petits chemins, des fleurs, des mini-bosquets de mousse. Elle trouvait ça beau, alors je trouvais ça beau aussi .
Quand les monos m’ont félicité pour ce joli travail, j’ai compris qu’elles avaient compris aussi. C’est quand même bizarre qu’une petite tête de 9 ans puisse comprendre ces choses-là.
Puis, c’est l’heure du “quatre heures” et là, je vais encore piger quelque chose.
Le goûter était fait de gros morceaux de pain accompagnés aux choix d’une barrette de chocolat ou d’une pâte de fruits. C’était « ELLE » qui était chargée de distribuer à chacun sa petite ration. Ma tête du haut m’invite à surveiller sa manœuvre. C’est ce que je fais du coin de l’œil.
Saperlipopette !
Je l’ai vu … Je l’ai vu … Elle en a piqué. Je l’ai vu, elle a piqué 2 tablettes individuelles de Milka et au moins 4 ou 5 patates de fruits (des vertes et des rouges).
SI SI Je l’ai vu !
La discrète : la coquine, OUI …
Je l’ai vu planquer tout çà dans une manche de son gilet noué à la taille.
Ma tête du haut m’énerve en me disant : « Tu vois ! Quand je te le dis qu’elles sont toutes les mêmes et qu’on peut pô leur faire confiance … »
Je m’insurge contre cette réflexion désobligeante, et j’essaie de trouver des circonstances atténuantes à la belle …
« Elle a faim » (?)
Je n’arrive pas à me convaincre totalement avec cette hypothèse hazardeuse alors c’est même pas la peine de parler de ma tête du haut qui, elle, s ’était arrêtée à :
“C’est Une Voleuse”
Et ça y’est. C’est reparti, me voilà empli de doutes : je la croyais droite, intègre, honnête. Mais quand elle m’a fait partager son butin, alors le bon chocolat et les délicieuses patates de fruits ont fait exploser ces idées et elles se sont envolées avec l’emballage des friandises …
Elle est gentille
Éh, T’as oublié ? Nous sommes en 1968,
Mai 68
Et en mai 68, il y en a qui écoutent aux portes et qui se demandent si :
C’est la guerre dehors ?
Je te raconte ça, une autre fois, OK ?
le gras
Saperlipopette !
T’es encore là ?
HÉ HO HO ! C’est fini la “sieste” …
Heiiiin ?
Oui, Oui, C’est le gras …
Bô Pourquoi ?
Bin … C’est comme ça.
Tu lis, et tu comprendras.
T’es grave aussi toi quand tu t’y mets.
Les jours se suivent, et le mois de mai est bien entamé maintenant.
Je me suis réconcilié avec la sieste, et j’avoue qu’il m’est souvent arrivé de trouver le temps long entre deux siestes.
Mais, il n’y avait pas que le repos que j’aimais là-bas. En fait, j’aimais tout. Surtout les journées … euh …, on va dire : Journées Plein Air, et c’était presque tous les jours, sauf intempéries bien sûr.
Nous partons vers 10 h, nous sommes en rang par deux, et nous marchons en chantant :
«Dans la troupe, y’a pas de jambes de bois ; Y’a des nouilles, et bla bla bla bla»
Ah, tu la connais ?
Alors, nous avons les mêmes goûts !
T’as bien fait de venir sur c’te Saperlipopette là . Ça va, depuis la dernière fois ? La famille, ça va bien ?
Moi ça va… ça va ! ! ! Inchalla !
Bon alors ? …
Ah Oui … Je te causais des Journées Plein Air et de « Pas de jambes de bois » !
On chantait des chansons. et on marchait à pieds. OUI, Oui !
Ai-je besoin de te préciser que la »ELLE » m’avait choppé la main, et qu’elle ne me lâchait pas. Même pour remonter.
Ses socquettes qui coulaient tout le temps, elle me lâchait pô. Il faut que je me contorsionne pour qu’elle puisse les remonter. Tous les 20 mètres, elle met un genoux à terre. Et moi, forcément penché sur elle, le bras tiré vers sa godasse.
Encore ça, ce n’était pas le plus ennuyant : Mais c’est quand elle décide (vas savoir pourquoi elle décide çà ?) de remonter sa chaussette tout en continuant de marcher. Elle sautille sur une seule patte ; ça me fout des secousses, et ça me tire vers le bas. Je penche de son côté, et parfois nos 3 têtes s’entrechoquent : Intervilles, Jeux sans frontières … avant l’heure. Pfouff !
Ma tête du haut commence à gueuler , et heureusement « ELLE », elle ne l’entend pas. J’ose même pas te dire ce que me disait ma tête à ce moment là !
Je lui fais un sourire, et cela semble lui suffire. A cause de ses chaussettes à la c••, nous nous retrouvons à la queue. Je vois bien que ça dérange la «mono balai»
Il en faut bien une pour encourager les retardataires à regagner la troupe des … (Y’a pas d’jambes de bois … YÔ !).
« Qu’est-ce que vous fichez encore tous les deux, Pfff, Allez, Oust, rattrapez les autres ! »
On a grimpé, grimpé, grimpé haut. Je découvre les paysages de montagne, les verts vallons … C’était beau.
Il faisait chaud …
Au détour d’un sentier, PAN, une vallée magnifique.
La mono cuisinière est déjà là, elle nous attendait. Elle est montée jusque là avec sa fougonnette, pleine de bouffe, et tout ce qu’il faut pour se restaurer.
On mange du bon manger.
J’avais peut-être bien jamais mangé sur l’herbe : ce doit être la première fois !
« BÔ ? C’est par terre qu’on mange ? »
« ELLE », elle est déjà assise. De la main, elle tapote le sol. Elle m’invite à en faire de même.
Rôôh,elle m’invite pas à tapoter, mais elle m’invite à m’asseoir. T’es C•• aussi, toi, quand tu t’y mets!
« ELLE » sourit « Ouiiiiiiiii, viens là » qu‘elle me dit.
Maladroit comme un cocker sur son tapis, je tourne, je tourne sur place. Je ne renifle pas le sol, mais presque : J’inspecte les lieux …
T’es marrant toi ! Et si y avait eu une fourmilière, une FOURMILIÈRE de fourmis ROUGES qui piquent . J’aurais fait comment, Hein ?
Bon revenons au déjeuner sur l’herbe :
Elle est en face de moi, assise les jambes en tailleur. Elle mange comme une marquise. malgré l’inconfort du lieu. Je ne sais comment tenir mon sandwich. En plus, y’a du gras (nous y voilà au fameux « gras« ) dans le jambon, et
j’aime PÔ le gras .
Des miettes tombent sur mes genoux, et elle, rien ne tombe sur les siens.
Tiens, tiens ? … Mes dents butent sur un morceau de couenne, alors j’éloigne le pain de ma bouche en pensant qu’il s’agissait d’un petit morceau. MON C•• OUI ! ! ! Une lanière de gras se déroule de la mie, et pendouille maintenant entre mes lèvres, et chatouille mes genoux …
Ouf … Elle ne m’a pas vu … Ouf ! ! !
J’enfourne en entier cet élastique dans ma bouche, P•••••, quelle idée de C•• j’ai eu encore : j’en ai plein les bajoues de c’te gras .
Je mastique, je mâche, je remastique, je rumine …
De temps en temps, je tente d’avaler, mais ça passe pas. C’est encore trop gros.
Il faut que je ramène tous ça sous les molaires et que je mastique encore.
Une épaisse bouillie et je l’avale ;
Gluurp Ouf !
Dix secondes plus tard, SAPERLIPOPETTE, qu’est-ce que je vois ?
« ELLE » la baronne, la précieuse, la délicate, elle ouvre son pain et du bout des doigts, elle retire cette bandelette de gras, et la dépose précautionneusement dans un sac papier prévu à cet effet.
« Bin, J’aime pas le gras » qu’elle me dit.
Ma tête du haut est pliée en deux, et se fout de moi « Dis rien,Tsst, tsst, dis rien kiki ! Tu vas être foutu de lui dire que toi : le gras ça t’dérange pô, et du coup « ELLE », elle va te refiler le sien, pfouf ! »
Y’a encore plein de choses à bouffer, mais là j’attends de voir comment elle s’y prend, puis je me lance à dévorer .
Même pour la pomme, je regarde comment elle fait. Elle croque à pleines dents, alors j’en fais autant … Elle balance le trognon par-dessus l’épaule, et moi : pareil.
Hé ho … le minus, tu peux pas faire attention !
Ça, c’est machin, un gamin que j’aime pô, et ce c•• était assis derrière moi. Il avait reçu le trognon d’pomme en pleine poire … Ma tête du haut était morte de rire avec c’te « pomme dans la poire ».
Moi aussi du coup, j’avais envie de rire, mais quand l’autre mesure 3 têtes de plus que toi, tu y regardes à 3 fois aussi.
Je te jure qu’à ce moment là je regrettais de ne pas avoir mangé mes soupes (celles qui font grandir, celles à môman). Si j’en avais bouffé autant que lui, je l’aurais écrabouillé depuis longtemps celui-là .
Un Grand, Un des ados, un morveux, un teigneux . Il n’était pas gentil avec les petits.
Qu’est-ce qu’il a pu me faire suer celui-là.
C’est même à cause de lui qu’on nous appelait, « ELLE » et moi
»Oh les amoureux EU EUX ! »
Bref, maintenant place aux jeux et aux ballades.
Tu viens ?
NON je décolère pô ! Vraiment tête de con celui là
la sieste
Saperlipopette !
T’es encore là ?
C’est la « sieste » … C’est ça, Hein ?
C’est ce que tu veux, Heiiiin ?
OK ok …
Après le repas copieux et équilibré …
La mono :
«Allez, Allez, à la Sieste !»
Bô ? J’avais jamais fait de sieste de ma vie.
C’est quoi ça Encore ?
Ma tête du haut devinait une embrouille, et moi je restais curieux … Sieste, sieste : Scie…Esst ? BÔ ??
La mono encore :
«Uiiiit ! Tout le monde à l’étage !»
Je grimpe doucement le large escalier.
« ELLE », elle est derrière moi. Je sais pas comment ça se fait : elle est toujours pas loin de moi, ou elle me regarde, ou bien elle me colle .
Je lui avais même demandé pourquoi elle me regardait tout le temps, et elle m’avait répondu :
«Si tu ne me regardais pas tout le temps,
tu ne pourrais pas voir que je te regarde tout le temps»
(quand je vous le dis que c’est une sauvageonne aussi celle-là)
*********
Bref, j’en étais où ? Ah Oui … « l’escalier ».
L’étage était fait d’une grande pièce séparée par de lourds paravents.
La mono:
«Les nouveaux : vous vous répartissez dans des box différents !»
D’un seul coup, je me sens tirè par la manche , et je disparais aux yeux de la mono. ELLE m’a arraché de la mêlée à une vitesse, et ELLE m’a entraîné dans un compartiment. ELLE m’a placé devant une sorte de lit de camp, et me dit ;
«C’est le tien»
«BôÔ ?»
Encore la mono :
«Allez, Oust, on se couche, ET ON SE TAIT.
Ceux qui veulent rester habillés : SUR la couverture,
les autres : SOUS les draps.»
Moi, j’aime dormir avec rien sur moi, alors je fais tomber le pull et le short, et je plonge sous les draps.
Et, comme par hasard, ELLE est déjà dans le lit voisin.
De grands rideaux obscurcissent les fenêtres. Nous voilà dans la pénombre. Mon profil gauche sur le traversin, et ELLE, elle a sa joue droite posée sur le sien. Ce qui fait que nous nous regardons. Nos visages se trouvent à moins d’un mètre l’un de l’autre.
Elle a glissé sa main sous sa joue, et elle me regarde la regarder.
Ma tête lourde s’enfonce dans c’te saloperie de polochon, ce qui fait que ma vue s’en trouve obstruée par les rebords retors. Par moment, je ne vois que la moitié de son visage . Alors, j’approche le mien au bord du lit, et elle en fait autant.
Nous nous retrouvons les yeux dans les yeux à cinquante centimètres à peine. Là, je suis bien … Je me vois dans ses yeux : je suis mieux. Je suis vraiment bien …
Je suis certain que nous pensons au même RIEN.
Je commence à partir dans mon sommeil, et je l’entends me murmurer «Je ne veux pas que tu t’endormes avant moi»
«Bô ? Oh bin, Zut, elle est gonflée celle-là ! » que me dit ma tête du haut.
Alors, je la regarde s’endormir doucement, de temps en temps, elle ouvre un œil pour surveiller si je la regarde toujours.
J’ai cru comprendre ce jour là que les demoiselles n’aiment pas qu’on s’endorme avant elles. Et depuis l’KiKi ne s’endort jamais avant la dame …
Hi hi, c’est rigolot : l’KiKi ne s’endort jamais avant la dame … Non, c’est pô rigolot ? C’est bizarre les filles quand même … maintenant, si je regarde la mère de mes enfants :«Quoi Qu’y a ? Y’a quèque chose qui va pô ?» qu’elle me dit, et elle réajuste sa chevelure qui ne le méritait nullement.
Là, je suis fatigué, alors je vais aller me coucher, et regarder le plafond.
La prochaine fois,
je te parlerai encore de «ELLE»,
et de nos incartades, nos distractions
et nos journées montagnardes.
N’oublie pas que nous sommes en 1968,
MAI 68, ça chauffe, je crois !!!
Mais ça, c’est si t’es sage …
la mer à la montagne
T’es déjà là ?
Alors là, tu m’épates !
Ok, je te raconte le petit déj .
. .
.
Les grandes tables : des bols, des verres, des couteaux, des corbeilles de pain. Mais rien n’est pareil à ce que je connaissais en matière de petit déj.
Tout est différent, il y a de l’ordre : les couverts sont alignés, ordonnés, rien n’est laissé au hasard. Je reconnais une serviette de table. Effectivement, c’est bien la mienne (une petite étiquette à mon nom y est cousue dans un coin).
Au mois de mars, j’avais vu môman ajuster ces petites broderies aux lettres rouges sur l’ensemble de mon linge, et je l’avais même aidé à découper ces petits rectangles. J’étais fier de voir mon nom et mon prénom défiler et se répéter sur un ruban de tissu d‘un centimètre de large …
Un chariot chargé de cruches métalliques est avancé par une dame de service jusque devant la dame que j’avais vu dans le cabinet du docteur. L’infirmière c’est ça..
Ça, c’est l’infirmière :
Nous devons nous aligner … ENCORE Pfff !
Et chacun à tour de rôle, nous devons nous avancer. Ma tête du haut, pas bête, me conseille de rester en retrait. Je devais être en avant, dernière position, car derrière moi y’avait ELLE (mais si, tu sais bien ! La fille belle, la narquoise, la sauvageonne). Elle glousse, elle pouffe.
Je sors la tête du rang , et je vois que l’ infirmière emplit un verre d’une mixture, et le tend au gamin devant elle. Parfois, elle consulte un grand carnet, et adjoint le malade à avaler un médicament.
Je voyais certains gamins hésiter avant de boire d’un coup sec, un peu comme pépère le faisait avec sa gnôle, mais lui, il n’hésitait pas. Alors, mémère gueulait :
«On va pas t’la voler ta goutte !»
Et lui, il affichait une large grimace souriante accompagnée d’un « HAAAaaa ! ! » … de satisfaction, et un air de dire « cause toujours ».
Je sens ma tête du haut s’affoler, ça prévaut rien de bon quand elle est comme ça. Alors, je commence aussi à avoir la trouille.
Derrière moi, ELLE nicassait, et ça m’agaçait.
A chaque fois, quand je me retournais pour savoir ce qu’il en était de ce truc, elle m’était l’index sur sa bouche, elle fronçait les sourcils et sa main libre me poussait vers l’avant. Ses yeux rieurs renforçaient l’idée de l’embrouille. J’voyais bien qu’elle se moquait de ma pomme.
Un dizaine de marmots, et c’est mon tour !
« Bonjour mon garçon tu as bien dormi ? »
« Bonjour madame. Oui, bien dormi »
« Tu n’as pas pleuré cette nuit ? »
« Ah, NON ALORS ! »
Je ne pouvais détacher mon regard du verre qu’elle emplissait.
BÔô ! C’est de l’eau légèrement teintée, comme la tisane à mémère. « On dirait de la pisse d’âne » me dit ma tête.
« Tiens, bois d’un coup. Je te conseille. »
PouaAAAAh ! ! !
« C’est de l’eau de mer mon petit… de l’eau de mer ! » *
« De l’eau de mer ? … Pouaaah ! »
*L’eau de mer : pour renforcer les terrains fragiles ou déficients et pour lutter contre les états de fatigue aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant où elle fait véritablement merveille. Cette eau de mer (prélevée dans de strictes conditions très rigoureuses et parfaitement contrôlée) existe sous forme de spécialités vendues en pharmacie sans ordonnance
(quand je vous le dis que je suis fragile et sensiB)
Je te jure que c’est vrai. Pendant 3 mois, tous les matins, je vais me coltiner ce rituel. Je te prie de croire qu’après, tu ne penses qu’à une chose bouffer et chasser ce goût de ta bouche. J’ai dévoré mes tartines, j’ai bu mon chocolat. Repris du beurre et de la confiture. Et encore du pain … Et oui, tous les matins, c’était comme ça.
Ensuite, petite toilette. Et le reste de la matinée se passait avec différentes activités : un peu comme un centre de loisirs.
La prochaine fois,
je te cause des après-midi
avec pour commencer : « la sieste » …
T’es OK ?
.
dodortoir
Hé hé, Boooooooooonjour !
Je croyais pas te retrouver si tôt !
Je regarde qui est en ligne … Et pan ! SaPerliPoPette !
Que vois je ? Toi ? T’es là ? … Attends rôôh
Je t’envoie le sujet de suite … Je le termine exprès pour toi.
il est tout chaud, fais gaffe !
En file indienne, il faut être pour aller au wc le plus proche du réfectoire … Si t’es le Preums ça va, mais si
t’es en trois ou quatrième position, ça commence à se compliquer !!!
Non, non, pas le fait d’attendre son tour, Non, Non, mais les odeurs (tu sens ce que je veux dire ?).
ELLE, elle était derrière moi, et plus mon tour approchait, et plus ma tête du haut me torturait, et le «monodialogue» qui suit m’encombrait (c’est toujours ma tête du haut qui commençait) : « Hihihi, elle va pô être déçue de passer après toi, Hihihi »
J’y réponds même pô. Je réfléchis à comment faire pour échapper à cette gêne qui commençait à m’envahir.
ELLE, elle devait penser la même chose que moi, car quand je lui ai proposé ma place : « Non, non, ça va » qu’elle m’a dit.
Pfff, me voilà bien.
Je quitte la file, et la mono me dit : « Tsst Tsst, retourne dans le rang STP, Tsst ! »
Hé hé ! Les autres avaient avancé d’un pas, alors je me retrouve en troisième position, derrière ELLE.
Elle me faisait des signes, et m’invitait à regagner la place devant elle.
« Bô ? » Je faisais mine de ne pas comprendre, elle lançait le menton en avant pour m’inviter à retrouver ma place. Ma moue lui expliquait que ce n’était pas important : »Non, non Pô grave »
Elle hausse les épaules, et me tourne le dos.
Zut de zut, j’ai l’impression qu’elle est en rogne …
La file avance.
M’asseoir, où ELLE s’était assise me plaisait bien (même sur des chiottes), je posais mes fesses où elle avait posé les siennes. Qu’importe si d’autres m’avaient devancé.
Au sortir des wc, ELLE m’attendait. Elle me dit : « Je ne me suis même pas assise, je n’avais pô envie ! »
« Moi non pl… » (et je me souviens de la promesse que je me suis fait : ne pas lui mentir), et je reprends : « Moi non plus, je n’avais pas trop envie, mais j’ai fait quand même. »
Une fois tout ce joli petit monde soulagé, Uiiiit DORTOIR !
Je traîne la savate. J’ai peur. Heureusement, le brossage des dents faisait encore reculer le moment crucial. Je devais avoir au moins 72 dents ce soir-là : ça a pris un temps. Pouuuh !
« Oust dans les chambres ! »
Il a bien fallu que j’y entre, leurs «ton lit est là ».
Ouf, encore un truc pour reculer le moment de s’horisontaliser : la prière.
Voilà qu’il faut faire sa prière à genoux !
Je m’y essayais, je connaissais que le départ : « Je vous salue Marie … » et que l’arrivée : « à l’heure de notre mort. Amen. »
Ma tête du haut butait invariablement sur le «pleine de grâce» que j’interprétais comme « graisse / grassouillette », et ma tête partait dans des élucubrations dignes des plus éminents philosophes. La prière se continuait sans moi, et se terminait. J’avais fait mon retard, alors sur le Amen, j’étais présent.
Me voilà dans ce lit sans odeur, inconfortable je le trouve …
Clac ! Plus de lumière.
Toutankhamon dans son sarcophage, je ne bouge pas. Je regarde la nuit. Je regarde rien. Je vois rien. Je vois ce rien. Rien Rien. J’écoute les habitués de la maison qui se retournent dans leurs draps. Je les entends souffler, chercher leur place, et je devine certains déjà gagnés par le sommeil.
Les bras le long du corps, les jambes tendues, la tête droite, je regarde toujours rien, dans cette position. Il me semble que mon corps flotte, et se détache de ses entraves faites de draps et de couvertures inconnus.
Je perçois des sanglots provenant du lit voisin : un nouveau comme moi.
Et, dans la chambre à coté, des pleurs.
Pfffff, je ne pleurerai pas. Je ne pleurerai pas. Je ne pleurerai pas. Je ne pleurerai pas. Je pleure de l’intérieur , on ne m’entend pas, je m’accorde à laisser une larme rouler jusqu’à mon oreiller.
Je pense à pépère, et je ne m’endors pas ; je pense à Mémère, et je ne m’endors toujours pas ; je pense à môman, et je ne dors toujours pas ! ! ! Pfff !
Je pense à ELLE , et . . .
»Debout tout le monde, il est l’heure ! »
C’est la mono ??? Non, je ne rêve pas : c’est le matin. Mon premier matin.
Je saute de mon lit (hier c’était leurs « mon lit », et ce matin, c’est « MON LIT à MOI »)
Je le regarde, et je n’en reviens pas.
Je me suis endormi.
J’ai dormi là d’dans, j’en croyais pas ma tête du haut.
Je te laisse, j’ai une de ces faims.
Je courre au réfectoire, je crois qu’on nous appelle.
Tu viens ? ou alors je te raconte plus tard !
C’est comme tu veux …
Faire connaissance
Hé hé, Boooooooooonjour !
J’y croyais pas …
C’est Vrai, ça te plaît ?
Mais, tu sais qu’à c’te rythme là,
on n’est pas près de l’voir c’te frigo
qui nous attend chez moi, en août 1968 .
La grande salle de repos était extraordinaire .
Un grand espace presque douillet … calme.
La grande montagne lumineuse venait faire voler en éclats les grandes baies vitrées. Je n’avais jamais vu d’autres sommets que mon père.
Je n’avais jamais encore vu la nature, comme je la vois, là. Elle s’impose à moi, elle m’aspire.
Le front appuyé à cette image, je la laisse m’apprécier ; j’aime ses caresses. Elle rêve comme je le fais à cet instant même.
Le soleil est derrière ces montagnes, et il en dessine des courbes que je devine confortables sous la main ; je voudrais les caresser.
Je souffle sur le carreau, et du bout du doigt, je surligne sur la vitre les contours des dômes veloutés. Ma tête du haut ferme son clapet, et admire avec moi ce spectacle en silence. Parfois, elle esquisse un « Oh ? On dirait un nichon que tu viens de gribouiller hi hi ! » Je lui en dessine un autre, et comme ça elle est contente, et je ne l’entends plus :
l e s i l e n c e . . .
Je suis bien : la tête fraîche et les jambes chauffées au radiateur. Encore un truc que je n’avais jamais approché ; heureusement qu’il y avait des robinets pour me dire que ce devait être du liquide, et non, des flammes qui courraient à l’intérieur, parce que sinon, je ne me serais jamais approché.
Une main se pose sur mon épaule.
Je tourne la tête, et je ne vois rien. Il faut que je regarde à la hauteur de mon nez pour voir qu’il ne s’agissait pas d’un adulte qui venait encore m’ordonner.
Non, c’est une FILLE. Une fille ?
Bô, Saperlipopette ? Y’a des filles ici ?
« C’est beau ce que tu dessines »
« Bô ? »
« Si, si, c’est beau »
« J’aime bien dessiner »
« Moi aussi, j’aime bien dessiner »
« Euh … des dessins ? »
Dubitative, elle est. Je la sens espiègle et délurée. Elle sourit d’un air de dire, si tu veux … Je viens de m’apercevoir que je viens de dire une bêtise : « Une connerie, Oui ! » me dit ma tête du haut
La belle malicieuse rajoute en gloussant « Oui, dessiner des dessins, hi hi ! »
« Quoi qu’tu dessines toi ? »
« Des paysages de chez moi, la mer et des robes »
Des robes ? J’ai envie de pouffer. Heureusement, je me retiens car elle ajoute » … comme maman le faisait »
« T’as plus de môman ? »
« Non, elle est morte, alors j’habite chez pépère et mémère. »
J’avais trouvé un point commun : « Moi aussi, j’ai des vieux grands-parents »
Ça y’est, je viens de faire connaissance, et pas des moindres celle-là : une fille.
Une gentille fille, maigrichonne, mais belle , avec des yeux sombres qui me regardent, et des longs cheveux blonds qui font ce qu’ils veulent, détachés ils sont …
Je remarque que ses yeux ne sont pas cernés par cette tâche brune commune à tous les pensionnaires, et qui nous fait ressembler aux pandas des images des livres.
« Ça fait longtemps qu’t’es là ? »
« Trois semaines. Et toi, t’es arrivé hier, je t’ai vu ».
« Bô ? » Elle m’a vu !
Je m’en voulais d’avoir été vu, sans l’avoir remarqué !!! Une tracasserie de plus pour ma tête, mais l’idée est vite chassée par son explication : l’air narquois, « Je connais une cachette que personne connaît, et d’où je peux entendre tout, et voir tout ».
Je lui accorde le bénéfice du doute vu son grand âge, 10 ans et demi, m’a telle dit.
10 ans pareil, j’avais répondu .
« Menteur, t’as 9 ans, je le sais ».
« Bô ? »
On nous appelle pour le souper, ce qui m’évite de m’enliser un peu plus dans mes mensonges .
Nous nous installons côte à côte.
Je jure à ma tête de ne plus jamais mentir à cette fille . Je ne sais pas pourquoi, je me suis dit çà, et surtout pourquoi je lui ai promis que dorénavant, je lui dirai la vérité, rien que la vérité.
Je ne me souviens pas ce que j’ai mangé ce soir là (sans doute de la soupe de légumes, comme il y en avait ainsi chaque soir). Je me souviens seulement que nos genoux se touchaient, parfois même nos mollets. J’avais l’impression qu’elle n’y prêtait pas attention, alors que ma tête et moi ne pensions qu’à çà : rester en contact physique avec elle …
Le repas fut trop bref …
« Allez, allez : WC et toilette ».
« Pfff … la mono !!! »
************
Et oui, il est l’heure !
rAaah ! Je dis pas çà à la maigrichonne !
Noooon, Ch’te parle à TOI. T’es déçu ? Ah Bin tu parles ! Pas autant que moi ! L’heure du dortoir approche, et je commence à baliser. J’ai jamais dormi ailleurs que dans mon lit …
On se retrouve au dortoir, dans le prochain article, OK ? Ça te branche ?
Me laisse pô …
Douche franche
Qu’est-ce qu’ c’ est qu’çà ?
Ça résonne là-dedans,
et y’a presque autant de buée que quand môman
faisait cuire son linge dans la buanderie de vie.
Y’a des gamins qui crient. Et tu verrais la taille de la douche !
Jamais vu une douche pareille !
Remarque, je n’en avais jamais encore vu de ma vie !!!
M****** ! j’étais persuadé que c’était pas plus grand qu’un chiotte. NON, une douche c’est plein de pommes d’arrosoir accrochées au mur.
Hihihi … c’est rigolo. On dirait des grosses trompes de mouche qui te bavent sur la tête du haut.
Y’a du carrelage au mur et au sol, et ça glisse de partout .
Y‘a déjà une dizaine de morveux sans poil à poils.
J’vais pô aller là !
« Allez, allez, tu accroches tes habits ici, et Oust sous la douche ! »
Ma tête me dit «Là, on est mal ! Merde le piège …»
Je tenais serré contre moi, ma petite trousse de toilette toute neuve, ma serviette de bain, pas vieille, et mon pyjama tout neuf des grandes occasions.
Étrangement, je me suis dévêtu assez rapidement pensant certainement que ma rapidité pourrait tromper ma pudeur. Ça je savais le faire : afficher une attitude désinvolte et blasée pour masquer ma gêne. Je Savais déjà l’faire !
Me voilà transparent dans ce théâtre …
Dans ma trousse, il y a la savonnette que môman m‘a achetée ainsi que la petite boîte pour la ranger dedans.
Une « Palmolive« … J‘ouvre l‘emballage, et hum que ça sent bon. Je décide de ne pas l’utiliser. C’était pas la peine d’essayer de me persuader du contraire. Nan ! Je la garderai toujours toute neuve, et je la ramènerai avec moi. C’est dit … C’est dit.
Même ma tête ne pourrait m’en dissuader .
J’avais jamais eu de savonnette à moi tout seul, et j’étais persuadé que plus jamais de ma vie l’occasion se présenterait. Alors je replie l’emballage consciencieusement et la fourre au fond de mon sac.
Sur les lavabos plus loin, j’avais remarqué des vieux morceaux de savon et de savonnettes. Après tout, ils feront bien l’affaire.
J’en chippe un au passage, et je vais sous le pommeau libre.
Oh P**** que c’est bon , l’eau chaude coule et me cingle les épaules. Mille aiguilles tentent de traverser mon cuir chevelu. La pression est tellement forte que je dois parfois capituler à regrets.
J’esquive la cataracte, et je me glisse à nouveau sous elle, je recule, j’avance, un pas en arrière, un pas en avant … Je viens d’inventer un nouveau jeu. Je m’habitue à la violence du jet. Je savoure. Je suis bien : Je suis sous un pommeau de douche et je suis bien …
Je ne peux m’empêcher de faire pipi, les yeux fermés.
Je suis BIEN : Je pisse debout !!!
Ma tête du haut aussi se sent bien. Pour la première fois de ma vie, elle me dit un truc gentil : «Moi aussi, je suis bien, je voudrais que ça ne s’arrête jamais».
J’en profite qu’elle soit de bon poil pour me savonner, mais ça dure pô longtemps. Elle voulait que je sois sous l’eau, et moi je voulais me savonner. Alors j’alternais.
La pièce qui était chargé d’un brouhaha de mômes sous la douche se retrouve d’un seul coup silencieuse. J’ouvre qu’un œil, l’autre me piquait. Je les vois autour de moi. Ils se demandaient bien ce que je foutais.
Bô Quoi ? les grands c’est comme çà qui font !
M**** ! les voilà tous repartis sous leurs douches à entrer et sortir … un tintamarre : la foire !
La mono gueule : »SILENCE, dans 30 secondes, je coupe l’eau … Rincez vous ! »
La fierté quand j’en ai entendu un gamin lui répondre : avec la technique du nouveau en 10 secondes, c’est bâclé.
J’étais accepté dans la tribu. Ça y’est, j’avais ma place.
« Allez, allez, au réfectoire » qu’elle gueule la mono.
Elle a coupé la flotte. Y’a machin qu’est encore plein de savon, et qui braille, qu’il a pas eu le temps de se rincer. Nous nous essuyons.
Et direction la salle de détente, en attendant la soupe …
la suite dans mon prochain article …
l’ « Aérium »
BÔôô ? ça y’est, pôpa est parti …
La Directrice me tient toujours la main, et me présente au Personnel.
Puis, je fais connaissance avec les wc, pas des « en bois », pas des « qui puent ».
Des « ASEPTISÉS, BLANCS ET LISSES » avec une grosse boîte fixée au mur du fond, et la chaîne pour faire couler de l’eau transparente.
Saperlipopette ! J’en reviens pas : de l’eau propre pour rincer mes chiottes. Ah bin, Y s’emmerdent pô ici ! ! !
« Si tu as envie, tu y vas », qu’elle me dit la Directrice
« Rentre Pô la d’dans », qu’elle me dit ma tête du haut.
Alors j’écoute ma tête, et je n’y vais pô.
« Non, non, Merci M’dame ; Pô besoin »
Aaarh le nul, ça faisait 2 h que je dansais d’une patte sur l’autre , et elle l’avait vu (elle m’énerve, elle voit tout celle-là).
« Si, si, il faut que tu y ailles. Je te laisse. Mais, il faut s’asseoir. IL FAUT S’ASSEOIR ! »
Et, elle s’en va. Me voilà là-dedans, tout seul. Je sautille, je ne vais pas avoir le temps de retirer mon froc. Je danse, je trépigne de gauche à droite, je sautille encore, je cherche mon zizi dans mon slip. Je vais pô avoir le temps, je le trouve pô … Vite …, vite …, VITE …
Et pas de loquet pour fermer cette p***** de porte.
Je trouve enfin ma virgule, et Zut, j’ai déjà mouillé mon slip. Aaaaah ! Ça y est … Ouf ! et je commence à faire pipi comme un homme devant la porcelaine. Pan ! Elle est derrière moi, et me dit : « Tsst, Tsst, je t’ai dit assis ! » … Elle était pô barrée, et elle se doutait … Et du coup, ça me coupe net l’envie ! Je tourne la tête par-dessus l’épaule, et elle était là : « Tsst, Tsst, Assis j’ai dit ! » Et elle s’éloigne.
Je me retourne, et je m’assois … Pfff … tu parles … Pfff … Être obligé de pisser comme une fille … Pfff … la HONTE ! ! !
La froideur de la porcelaine me saisit, et en rajoute à la miniaturisation : mon zizi se recroqueville encore plus.
Penaud , mes yeux cherchent je ne sais quoi ??? Ils s’arrêtent sur un petit paquet de papier, couleur beige. Plein de petites feuilles, mais entassées les unes sur les autres. Pas de clous (Grand-père aurait pu être jaloux de la perfection du découpage).
Ca y est, c’est fait … (eul’pipi !)
Maintenant, il faut que tu tires la chaîne hi hi hi ! Ça c’est ma tête qui se fout de moi.
Oui, parce que la dernière fois où j’avais eu affaire avec une chaîne, c’était dans des chiottes à la turc (je sais plus où ?), mais mes godasses s’en souvenaient encore, l‘horreur …
Je tire, et l’eau jaillit. Elle bouillonne dans la cuvette, et disparaît, eul’pipi avec. .
Magique, Génial ! ! !
« Eh Bin, tu vois, c’est fait ! » , qu’elle me dit (elle ne s’était pas barrée loin : elle m’attendait à l’encoignure de la porte).
Ma tête écœurée ne me dit même pas combien elle est dégoûtée, si ce n’est un « tu vas l’avoir un petit bout de temps sur le dos celle-là, c’est sûr ! hi hi hi » …
« Allez, Zou, maintenant on va chez le docteur ! »
Oh purée, je m’en doutais bien qu’il y aurait eu un Docteur dans ce lieu stérilisé, mais, je ne croyais pas le découvrir si vite ! ! !
Une grande pièce surchauffée, avec un bureau en bois d’arbres, dans un coin : une bonne femme avec un bandeau sur les cheveux tricotait des phrases sur sa machine à écrire des mots. Elle lève le nez, elle abandonne son bureau métallique et, s’avance vers moi.
« Bonjour mon p’tit bonhomme »
« B’jour M’dame »
« Tu te déshabilles, et tu viens sous la toise que je te mesure »
« Déshabilles, tout nu ? »
« Non, tu peux garder tes sous-vêtements »
Ma tête : « Ouf, on a eu chaud, hi hi hi ! »
Elle note ce que l’aiguille lui indique ; moi, je note qu’elle fait la moue .
Même les 127 grammes sont consignés sur sa petite fiche …
Tour de tête, tour de poitrine, tour de cuisses, et tous les tours.
Le Docteur arrive, il est grand, il est aseptisé lui aussi, et sa blouse blanche lui confère une autorité indéniable.
Je le baptise de suite Monsieur «Bien». Il commençait ou finissait invariablement ses phrases par un «Bien»
« Bien ! Approche mon garçon ».
Il me palpe, me tourne, me retourne, il écoute mon cœur : « Bien, bien, bien », tapote mon thorax, examine mes yeux, « BIEN ! » … Ses doigts sont doux, des doigts propres et lisses.
« Des Mains de Fainéant, Oui» aurait braillé mon grand-père …
Bô, qu’est-ce qui me fait celui-là ? Il a baissé mon slip, et me soupèse les testicules, et me demande de tousser. Bô ? J’avais plus envie de pouffer, que de tousser, mais bon : je tousse.
« Bien », qu’il dit.
« BÔ ? », que je dis à ma tête
Il s’adresse à la dame : « Bien ! Il n’est pas bien gros c’t’oiseau ! »
Je baisse les yeux pour constater ce que je croyais être une remarque désobligeante. Il est pô bien gros ?, j’en conviens mais c’est pô une raison pour le faire remarquer à la mesureuse.
Encore quelques tests et …
« Bien ! Apte ! » (Si je ne l’avais pas été, je ne sais ce qu’ils auraient fait de moi ?)
« Bien … Tu te r’habilles, et tu files, Zou »
Je saute dans mon short, et Oust dans le couloir.
La Directrice (Manipulatrice) m’attendait. Elle était secondée par une monitrice. Et, direction l’étage du dessus : les dortoirs …
Une dizaine de portes en enfilades, et nous entrons dans une chambre que je croyais choisie au hasard. Il en était rien, car là sur un lit, il y a ma valise.
On fait ce qu’elles appellent un inventaire, une énuméraition des chaussettes, et l’autre répétait « 6 paires de CHAUSSETTES », slips : « 6 SLIPS » et « bla, bla, bla … ».
Je ne les écoutais pas. Mes yeux et mes pensées s’étaient figés sur un sachet en papier dans lequel, je savais qu’il y avait des enveloppes et des timbres. Mes lèvres se pincent, mes joues tremblent, mes yeux s’embuent et me piquent . Je pleure. Je pleure en silence. Je pleure de l’intérieur. Je veux ce papier à lettres. Je veux écrire à môman, et la supplier de venir me chercher, Tout de suite
…
Mes affaires dans l’armoire, la mono me dit : « Voici ton lit ! »
Pffff … je m’en doutais. Tu parles d’un lit ! C’est pô un lit çà ? Il est petit, tout riquiqui … Pffff. Le mien, il est large, et on y dort à l’aise mon petit frère et moi
Elle vide ma valise, et emplit l’armoire.
« C’est bon ! à la douche puis réfectoire ».
Douche ? Pffff ! Je m’en doutais …
Si tu trouves que je suis trop long,
tu me le dis, j’écourte et on zappe la douche, le réfectoire
et mes petites aventures qui ont jalonné mon séjour …
et je passe directement au frigo qui m’attend chez moi.
C’est comme tu veux …
Et le frigo ?
Salut t’es encore là ?
Mon enfance est ponctuée de meubles et d’électroménager
Et le Frigo-Réfrigérant ?
Bin … Euh … C’est maintenant, tout de suite …
En 1968, que je l’ai vu dans la Pièce de vie.
AOUT 68 : Ça ma tête du haut s’en souvient bien
Attends que je te raconte ! Il est pas venu comme çà …
Avant y’a eu çà:
En 1968, le KiKi était tout maigre «Trop maiG’» avait dit môman, et le Docteur avait dit pareil, et avait rajouté :
« Il faut l’envoyer dans une maison qui redonne du gras aux maigrichons de son acabit ! »
L’anorexie n’était pas encore dans le dictionnaire, en tous cas, pas dans le notre, vu qu’on en avait pas de dico.
Môman était d’accord avec lui (comme toujours, puisque c’est le Doctorrr qui l’a dit).
Nous étions en avril 68, et elle avait deux inquiétudes : le kiki qu’est maigue et la «guerre civile» qui se
préparait dans « l’poste » qui cause sur le buffet (un gros poste radio). Elle était certaine que ça allait « Mal finir tout ça ».
Alors un matin, mon père m’amène à la Gare.
Et … Uiiiit ! ! ! Direction : St-Gervais-les-bains.
« Où qu’on va pôpa ? »
« St-Gervais-les-bains ! »
« Les bains ? »
Ma tête du haut me dit : «Tu vas pas y couper cette fois … Uiiiiit ! AU BAIN l’KiKi, AU BAIN ! »
Dans le train qui roule :
« Pourquoi qu’on m’envoie là bas ? »
« T’es trop maigue, et tu fais l’soucis à ta mère et au monsieur l’Docteur ! … »
Inutile de te dire que le trajet fut d’une tristesse ! ! !
Faire « Blabla-sur-Seine » vers « St-Gervais-les-bains » dans l’train, le front collé à la fenêtre vibrante Pfff … !
C’est peut-être ce jour là que j’ai commencé à pleurer de l’intérieur , et pourtant môman n’avait pas oublié de me mettre le mouchoir propre dans la poche de ma culotte courte. J’voulais pô montrer à papa que je pleurais. Les paysages défilaient, et je les voyais à peine. Mes yeux s’entraînaient à contenir les larmes. Mais je n’étais pas encore assez grand. De temps en temps, je sentais bien une ou deux s’échapper du trop plein
. Toujours le nez sur la vitre et aidé par les vibrations, je laissais cette larme rouler jusqu’à mes lèvres et je l’avalais discrètement (« Ravaler ses larmes » n‘est pas qu‘une image …)
Je ne voulais pas ennuyer mon père avec mes états d’âme. C’était pas le genre de la maison …
C’était la première fois où je montais dans un train, mais j’en avais rien à battre.
Ma tête du haut n’arrêtait pas de me dire des ignominies :
«Tu vas voir qu’ils vont t’abandonner, et si ça s’trouve, ils vont te vendre à une autre famille où les gens sont méchants»
«Pôpa, tu sais que t’es gentil !»
Il lève le nez de son journal, me regarde, pose sa grosse patte sur ma tignasse, il me secoue la caboche, esquisse un sourire, et retourne à sa lecture.
N’a t-il rien compris ou fait semblant de ne pas comprendre pour ne pas en rajouter à ma détresse ?
On est arrivé à St-Gervais-les-bains, maintenant nous prenons le bus pour le «L’ Aérium» : « l’Aérium BONNE MAMAN » qu’il s’appelle …
OUI OUI : BONNE MAMAN !
Voilà un détail qui m’interpelle. Pourquoi ce « BONNE » ?
Ma mesquine tête du haut me parle pour se foutre de moi une fois de plus :
« Peut-être que ta môman ne l’est pas assez : BONNE ? »
C’en était trop. J’éclate en sanglots .
« Pôpa J’veux pô y’aller ! J’ai peur ! »
« Tsst Tsst ! Allez, t’es grand maintenant ! »
Pourquoi ne savait-il dire que ça quand j’avais peur ?
« Tsst Tsst ! Allez, t’es grand maintenant ! »
Deux heures de vitre tremblante plus tard, le bus nous dépose devant une grande maison à trois étages.
Des fenêtres, plein de fenêtres avec des barreaux.
Ma tête bourdonne, et l’autre résonne avec «T’es grillé, T’es foutu !!!»
Pan … Je re-pleure , et je serre deux doigts de la grosse main, je les sens s’agiter pour se dégager. Mais je tiens bon.
« J’veux pô y’aller là d’dans » …
Une dame gentille, mais trop énergique à mon goût, nous accueille tout sourire .
Je sens l’embrouille . Elle blablatte avec mon père, et s’arrange pour l’inviter discrètement à me lâcher la main.
(Si tu crois que je te vois pô venir avec tes minauderies ?)
Bla bla bla … ça discute, et on visite les lieux.
(Toi, je te vois venir. J’a lâcherai pô la main à Pôpa ! ! )
Arrh P***** la Sal’té,
au détour du réfectoire, mine de rien, elle parvient à glisser sa main entre les nôtres, et tout en continuant son laïus, elle s’est attribuée la mienne.
Maintenant, elle me tient, et ne me relâchera pas tant que mon pôpa est là.
Ça faisait bien 10 minutes que je me promenais au bout d’une main féminine … et inconnue .
De temps à autres, je sentais une pression, et parfois un petit câlin du pouce sur le dos de ma main, elle se voulait rassurante.
Je commençais à me laisser amadouer, et ma tête réagissait à l’inverse, et me disait :
« Elle est en train de t’appâter ! Te laisse pas faire !
Elle est balèze celle-là !
T’as affaire à une professionnelle de la séquestration !!!
Ma main voulait se dégager, et comme si elle l’avait devinée, un dixième de seconde avant, la Pro exerçait une petite pression sur mes doigts.
Nous voilà dans son bureau … Bô, qu’est-ce qu’elle nous fait celle-la ? Au lieu de me laisser regagner les genoux à pôpa, elle me prend sur les siens. Quelques signatures … et Pan c’est fait. Même pour le bisou d’adieu, elle ne me libérera pas. Mon père s’enfuit comme un voleur …
… Je le hais
***********
Hou, jai fait long ! ! ! NON ? Si j’ai tendance à faire trop long, tu me le dis, t’hésite pô. OK ?
Si tu veux la suite, tu me le dis parce que pour l’instant, on n’a toujours pô vu l’frigo …
Je te dis que c’est quand je suis revenu qu’il était là, le « Frigidaire ».
Là, il va falloir attendre 3 mois … c’est fin août 68 que je suis revenu.
C’est LONG ??? ah bin, tu parles comme c’est long TROIS mois, tu te rends compte ?
Ce serait bien car je ne veux pas rester ici (à mai 68) le restant de mes jours …
à suivre eul’frigidaire au prochain article …
OH L’TRAVAILLAGE
Bon le « lavoir », c’est fait … OK ! …
ça t’as plu ?
Je te parle de la machine à laver le linge ?
C’est comme tu veux, je te force pas !
Hééé ! Elle était rigolote cette machine:
Déjà, faut que je te la décrive un peu : Blanche elle était. Le hublot sur le devant et au-dessus de celui-ci y’a Deux gros boutons 1 : marche/arrêt et le bouton 2 … bô ? Ché plus pourquoi ils l’avaient mis là ; mais bon !
Elle se branchait à l’électricité du mur, et au robinet d‘eau du mur aussi …
Tu mettais le linge dedans, et un peu de lessive, Hop Hop Hop … Pas trop surtout, Malheureux !
Sinon, dès que t’as le dos tourné, elle vomit … La pôv, à force de tourner comme çà, elle te dégobille de la mousse et ça n’arrête pas de couler par (je ne sais où) …
Môman qui gueulait : «Surtout, vous bougez pô, et ne marchez pô dans l’eau !»
La crise de rire ! La soirée mousse en «After» à 10 h du matin.
… Y’en avait partout.
Rôôh l’travaillage ! ! !
La marée blanche avançait, doucement, vers la cuisinière à bois, une petite aspérité sur le sol, et hop la voilà détournée de son chemin. Alors d’un seul coup, la lave de mousse accélérait et venait lécher les pied du buffet
Aaaaah !, môman criait encore plus fort … MON BUFFET, Aaaaah !
Oh P******, elle m’a foutu la trouille à crier comme çà …
Maintenant, il fallait qu’elle rejoigne le compteur électrique pour mettre sa progéniture à l’abris des risques de l’électrocuisson
« Cution » ? T’es sûr ?
Elle sautillait entre les flaques, parfois elle nous gratifiait d’un grand écart HO ! bin que des bras l’Grand écart rôôh …
Clac ! Elle a réussi … le jus est coupé OUF !
Elle revient, et ferme la bouteille de gaz. Bin Oui, la machine elle se chauffe au gaz comme le four de ta gazinière. Une rampe à allumer et sa chauffe la cuve.
¼ d’heure de chauffe, et tu peux lancer le cycle de lavage. Cherche pô de toute façon, y’en a qu’un. Quand tu estimais que la crasse avait capitulé, tu tournais le bouton sur vidange.
Ah bin, ça y’est, YES, je me souviens maintenant ! : le bouton, c’était 3 positions : Tournage, Essorage, Stoppage, Y’avait.
Pas de « recommencage« (dommage). Il fallait répéter l’opération plusieurs fois.
A l’essorage, il fallait un porte-voix pour pouvoir se faire comprendre !
- Esmce demgmmrghemm?
- HEIN ???
- mmmhemmheemem
- HEIN ??? J’ENTENDS RIEN ???
- À QUELLE HEURE QU’ON MANGE ? ? ?
- QUAND J’EN AURAI FINI AVEC LA MACHIIIIIINEEE ! ! !
- pffffff ! Oh le souk dans cette baraque …, on n’est pas près de bouffer ! ! ! Pfffff
J’me ramasse une baffe . Je n’avais pas remarqué que le bruit avait cessé, et elle m’avait entendu bougonner.
Elle s’occupait, enfin, de l’étendage du linge. Et, à midi dix, nous passions à table … ENFIN.
Moi : l’heure c’est l’heure (surtout quand il s’agissait de bouffer). En 5 mn, c’était avalé, dessert compris .
Môman était déjà au lavage de la vaisselle,
et nous, nous étions carapatés
pour pouvoir jouer jouer JOUER …
Un sujet bateau ? : le Lavoir : le Bateau-Lavoir
Oh bin t’es là ? J’t'avais pô vu !
Ça va ?
La famille, ça va ?
Les enfants y vont bien ?
J’étais pour t’écrire ce sujet, quand je vois que ma chère Catine m’a devancé en parlant de son lavoir, alors que je m’apprétais à vous parler de mon mien ! Du coup, j’ai changé le titre qui devait être : Eul’Lavoir. Il va falloir que je l’épate cette Catine là.
Le lavoir de mon patelin n’était pas un lavoir ordinaire. HÉ Hé ! Et Non !
C’était un bateau-lavoir … Hé hé ! Hi hi ! Et Oui ! Ca t’épate çà, hein ?
J’habitais un p’tit village qui s’appelle « Blabla-sur-Seine » .
Donc, y’a la Seine qui y coulait des jours et des nuits, tranquille. Elle y coule toujours (de ce coté là, rien n’a changé) Ouf !
C’était un drôle de lieu que c’te bateau-lavoir : une sorte de maison flottante d’une 20 de mètres, et peut-être 7 mètres de large. En son centre, une sorte de piscine, et tout autour de celle-ci, y’avait une grosse planche inclinée qui servait de planche à laver. Le périmètre intérieur était fait de planches entre lesquelles nous pouvions voir la rivière couler sous nos pieds. Cette grosse barge était maintenue à la rive par de grosses chaînes, et nous devions emprunter un petit ponton pour y accéder. On pourrait comparer ça à une péniche plate avec plein de vitres tout autour, et un large toit à deux pans Hé hé ! Ça c’est du « Lavoir-Bateau »
**************
Au réveil :
P***** ! C’est sûr qu’aujourd’hui, môman a commencé à faire bouillir le BLANC ! Pfff !
Nous sommes Un « Jeudi Pô d’école ! »
J’aimais pas çà, ça t’emboucanait la pièce de vie devenue buanderie de vie.
La grosse lessiveuse sur la cuisinière, et forcément de la buée partout.
Tu quittais ton lit , t’étais encore plongé dans tes pensées, le nez devant ton bol de chocolat, et derrière toi y’a les « gloups gloups » de la lessiveuse
.
De temps en temps, môman s’armait d’un bâton.
Je n’avais même pô peur ! (?) : j’avais pô encore renversé mon bol Hi Hi …
Elle soulevait le couvercle, et la vapeur jaillissait et, pan, tu voyais plus rien dans la pièce :
Le brouillard !
Quand je te le dis qu’on voit rien !
Et, je n’aimais pô cette odeur, beurk !
Avec son bâton, elle remuait délicatement ce linge. De temps en temps, je voyais qu’elle remontait un de mes slips.
A mon avis, vue la tronche qu’il a, il va falloir le laisser encore mariner un peu celui-là hihihi ! (que je disais à ma tête du haut … hihihi !).
Et ça manquait pas, après une expertise rapide et méticuleuse, il repartait mijoter avec les autres .
J’aime pas cette odeur … J’vais pô t’dire que c’est comme celle du chien mouillé, mais presque. Oh pis, si J’le dis : ça PUE .
Le linge sec, sale, ça sent déjà pô bon …, mais quand c’est mouillé : POUAH ! ! !
Môman : « Qu’est-ce que t’en fais comme tête ? Qu’est-ce que t’as ? Tu vas pô encore me dire que t’aimes pô c’t'odeur ? Faut bien que je le lave « LE LINGE » ! ! ! Finis donc ton lait avant que ça fasse de la peau ! J’VEUX PLUS qu’tu m’rêves avec la peau d’lait ! »
Ma tête du haut rigole, et me dit : «Trop tard !»
J’en avais déjà remonté quatre fines membranes sur le rebord de mon bol (un peu comme môman remonte mes slips au bout de son bâton).
« Bois, ça va refroidir ! »
Ma tête du haut se fout de moi, et me dit : «Trop tard, C’est déjà trop froid !»
Je profite que môman soit barrée pour vider mon bol dans l’évier. Elle est allée chercher la petite remorque à bras pour charrier son linge jusqu’au lavoir.
Juste eu le temps – Ouf !
La revoilà : «Eh bin, tu vois quand tu veux !»
Je rougis même pô.
Eh bin, M**** ! Elle réussit à descendre la grosse lessiveuse de dessus la cuisinière. Oui, elle avait déjà retiré pas mal d’eau bouillante avec une énorme louche, et fait les allées et venues jusqu’à levier.
Pour faciliter la tâche, elle avait entré la chariote, et elle n’avait plus qu’à y poser cette bassine. Autant, j’étais fier de voir combien pôpa était fort, autant j’aimais pas voir que maman l’était aussi … (.?.)
J’avais pas le droit de conduire la chariote
Je n’ai jamais eu le droit ! Rrrr !! !
Pouhhh ! 9 h, et déjà Quatre bonnes femmes et une gamine, sans doute en apprentissage. Elle devait avoir une douzaine d’années.
Et pia pia pia ! Et pia pia pia ! Elles causaient, elles causaient et parfois elles … causaient.
J’ai su avant tout le monde que les femmes pouvaient faire plusieurs choses à la fois et causer …
Môman installait son calle-genoux perso. Elles en avaient toutes un. C’était comme un coffre en bois dont on aurait retiré la plaque du haut et celle du devant. Les femmes le garnissaient d’un vieil oreiller ou un truc dans le genre afin d’épargner leurs genoux. Ce coffre leur évitait surtout de se tremper les cotillons … L’engin était contre la grosse planche inclinée qui plonge dans l’eau. Môman s’agenouillait, et sortait son gros morceau de savon de Marseille et sa brosse à chiens dents. Et c’était parti. Elle frottait, tapait, tordait ce linge qui blanchissait au fur et à mesure. Je devinais qu’il commençait à sentir bon le propre.
De temps en temps, j’avais le droit de laver un mouchoir … un torchon … Mais, jamais le droit de frotter avec le gros savon. J’avais droit qu’à un vieux petit morceaux racorni et tout marron. Je trouvais ça INJUSTE …
«Et si tu m’le fouts au fond d’l'eau qui qu’c’est qui ira m’l’chercher ?»
Y’avait bien un filet de sécurité à un mètre sous l’eau ; mais en plein mois de novembre ! ! !
Ch’t’ais pas dis ? Nous sommes en novembre. L’année ? … Bô ?
Eh, je t’l'ai pô dis ? : Y’avait même les cabinets dans c’te lavoir. Si …Si, en aval du lavoir, bien sûr.
Mon jeu favori dans ce lieu, Bin oui, il fallait bien jouer pour faire passer le temps, les cancans et les potins c’est bien beau, mais au bout de 5 minutes Pfff çà saoule un peu …
Alors mon jeu préféré en ce lieu était de me mettre à l’extérieur (sur la proue de l’édifice flottant) et de pisser dans l’eau … Et bin, rien que d’ savoir que toutes ces bonnes femmes rinçaient leur linge avec du pipi de KiKi : J’étais pouffé et satisfait
Fier de moi
J’entendais parfois :
« Éh Yolande … ( oui c’est môman qui s’appelle comme çà… Et ALORS ? Vous moquez PÔ)
Éh Yolande ! ! ! Y’a ton gamin qu’a encore pissé en amont ! Faut que je RErince Pfff ! »
Je crois que cela faisait sourire môman …
Elle s’en foutait car elle, elle avait toujours fini avant la grosse ronchoneuse, la mère Râoule.
Môman me foutait une baffe , histoire d’attiédir la mère machin, et aussi pour me faire payer le coup du bol vidé dans l’évier 2 heures avant. J’croyais pourtant l’avoir bernée … bô ?
Ça faisait bien rire Marie, la future jeune lavandière qu’était belle …La HONTE que j’avais
…
Je ne l’ai jamais revue au lavoir …
La faute à qui ?
Sans doute à la machine à laver le linge…
WC suite
Bon t’es là ?
T’attends pour les WC ?
Bin moi aussi ! Vas y chuis pô si pressé qu’çà !
Bon, la salle de bain de vie à kiki, c’est fait.
Je voulais te parler des Wc de chez moi. Tu vas dire quelle drôle d’idée !?
Ouaiii ! Je sais mais que veux tu ? Ça me tient à cœur de parler de « l’inconfort » des années passées. J’aime parler des humbles choses et de comparer nos exigences actuelles et de nos contentements avec ceux de « Oh Y’a pô si longtemps qu’çà ! »
Les Chiottes
Les nôtres étaient faits de la traditionnelle cabane de bois mais, MAIS, avec une tôle en ferraille sur le toit : LE LUXE ? Roooh Commence pô stp ! …
Pas de la galvanisée qui brille, NON, de la ferraille en fer qui rouille et qui finit par laisser couler une tite fuite les jours de pluie. Et où la fuite ? Eh oui, juste à l’aplomb, et un peu sur le devant du trône : Si t’es grand, elle passe devant ton nez, mais si t’es p’tit (n‘oublie pas que c‘est quand j‘étais p‘tiot) : Et bin si t’es p’tit, et vu qu’t’as peur de tomber dans l’trou, tu te penches en avant et la goutte, elle te tombe sur ta nuque. Tu remontes les épaules, tu ouvres la bouche Aïe C’EST FROID ! ! ! et la goutte rigole dans ton maillot (Y’a qu’elle qui rigole hihihi !).
Bon çà, c’est les dernièrs chiottes extérieurs dont je me souvienne. Aussi loin que je me rappelle, il y en avait eu d’autres … Un là, et un là, plus loin à gauche, mais toujours la même cabane. T’imagine les questions que pouvait se poser ma tête du haut !
J’avais bien vu pôpa creuser un gros trou. Je l’avais surtout entendu : « T’approche pas d’là, OUST, vas voir ta mère ! »
Du coup, je me posais 2 questions :
- la première : Grand-père est mort (vue la grandeur du trou ?) ;
- la deuxième : Pourquoi papa dit toujours TA MERE et pô MA FEMME ? (…?…)
Bref les chiottes
Il y avait comme une sorte de gros coffre en bois et un trou. Pas n’importe quel trou : un GROS, un TROP GROS. Je pestais que ce trou était trop gros pour mes p’tites fesses, et je pensais qu’il était plus adapté au postérieur à môman qu’au mien. Pôpa avait du le faire en connaissance de cause … Mais comme je savais qu’il ne fallait pas faire d’allusions, ni toucher aux fesses à môman (oui, j’avais vu tonton Marcel s’en ramasser une bonne un jour où il avait abusé du picon bière, et qu’il avait osé lui claquer le joufflu). C’est pô moi qui l’a dit (joufflu). C’est lui.
En hiver, ces WC ne me gênaient pas trop … Bon on se les gelait, mais booon ! On y restait pô longtemps. T’as déjà vu un môme s’éterniser aux chiottes toi ?
Mais alors l’été : … Pouaaaaaah ! ! !
Mais c’était pas le « Pouaaah » le pire pour moi, Non, NON.
C’était la mouche, La GROSSE MOUCHE BLEUE.
P*****, la sal’téééé ! C’est TOUJOURS quand j’ouvrais la porte.
Pan ! Elle était là qui m’attendait, elle me regardait avec ses mille yeux de la tête de devant … Mais siiii, tu sais : c’est un peu comme les boules de caméra de surveillance de chez Carrefour : Tu sais qu’ils te regardent mais tu sais pô qu’ils te regardent …
Bon la mouche moche, elle est là, qu’elle me regarde, elle bouge pô, je baisse mon froc et je vais pour m’asseoir
Aaarh ! La sal’té ! J’m’en doutais ! Juste à la seconde, elle file dans le trou … Pfffffff !
T’es là assis … tu bouges pô … T’écoutes …
Et tu l’entends … Bzzzzzz … Bzzzzzzzzz !!!
Et moi j’avais la trouille qu’elle rentre dans mon trou à moi !!!
Eh bin, c’est pô facile de faire ce que l’on a à faire dans des conditions pareilles. Maiiiis, ça se faisait !
Le pire, c’est chez Grand-Père : dans ses chiottes, y’avait la mouche Tsétsé, OUI, J’en suis sûr !
T’as qu’à voir quand il allait au petit coin, c’était pour y rester des heures : Il s’y endormait … Preuve que c’était bien des Tsétsé.
*****************
Il était 13 h 34, et c’était le jeudi (jour sans école, et jour de visite chez Mère-grand et Pépère ). Et c’était là que mèmère lui disait « Y faut que tu r’mettes du papier, les gosses arrivent !!! »
Alors, il y allait avec une paire de ciseaux, grande comme ça, et le journal d’hier. Deux heures qu’il y restait Moi, je pensais la Tsétsé a encore frappé et Mère-grand gueulait « Hyppolite » Tu vas t’y sortir de là OUI ? Au lieu de lire le journal d’hier, tu f’rais mieux d’leurs couper des feuilles … « TU VAS SORTIR OUI … Y’a le p’tit qu’attend ! ! ! »
Bô, J’attends pô ! (que ma tête du haut me dit)
Plaf ! La porte souvre et vlan, on me pousse dans les chiottes. Il faisait presque tout noir … Bouuuuuh … Et, Y’a la mouche , laTsétsé : un peu moins bleue que la mouche normale, mais celle-là, elle a des reflets un peu jaunes sur les ailes et du vert sur le dos de derrière … Celle là aussi m’attend.
Sur la porte, y’a un clou et des petits rectangles de feuilles papier journal, aux dimensions que le Pépère avait instaurées. C’était du 10 sur 20 cm, pas plus, pas moins … Vas savoir pourquoi ? C’était comme çà, Point Barre … Il les avait accrochées au clou et les avait alignées. Pas un bord ne débordait, pas une n’était déchiquetée. Bref du beau boulot. Il pouvait sortir des chiottes, fieeer et content de lui.
Oui, mais moi j’étais la dedans avec c’te P***** d’mouche. Il était pô question que je baisse mon froc. Je restais là sans bouger jusqu’à ce que j’entende :
« Mémère » (Rose)
« Eh Bin, T’es tombé dans l’trou ou quoi ? Hihihi ! (Ce qui en rajoutait à l’horreur de leurs chiottes).
« Tu vas sortir OUI ? »
Ouf ! Je sortais, Inspirais un grand coup ; elle lisait sur mon visage mon soulagement, et devait imaginer que j’avais vraiment eu envie.
« Bin tu vois qu’t’avais besoin ! »
***************
* Le papier toilette, aujourd’hui appelé couramment (mais vulgairement) « PQ (pécu) ou papier cul », a été introduit en France au début du XXe siècle. Longtemps considéré comme un produit de luxe, son utilisation ne s’est vraiment répandue que dans les années 60.
En France comme dans d’autres pays européens, après être passé par divers systèmes médiévaux, on a d’abord eu recours à l’utilisation du papier journal. Puis le papier hygiénique dit « bulle-corde lisse », appelé ainsi à cause de sa teinte corde, s’est progressivement imposé pour constituer l’essentiel du marché de 1950 à 1970. Aujourd’hui le « bulle-corde lisse » a pratiquement disparu. C’est à la fin des années 1950 que l’usage du papier « crêpé » s’est développé. La ouate de cellulose a ensuite fait son apparition : sa croissance a été particulièrement marquée au cours de la décennie 1970–1980. Aujourd’hui on trouve du papier-toilette décoré, parfumé, ou encore en trois plis : le marché évolue vers des produits de plus en plus différenciés, et les nouvelles technologies visent à accroître en permanence douceur et résistance du produit.
Ce devait être les WC
Les « WC »
Rôôh T’es C– !
Pô les « Web Cam »… Nooon !
Les WC : les chiottes, les cabinets, le petit coin …
Quand j’étais petit. Éh Oui, j’ai été P’tit Chez moi, on peut pô dire qu’y avait tout le confort. Une malheureuse cuisinière à bois trônait dans un coin de la grande pièce de vie (joli nom pour décrire un capharnaüm où on y faisait tout – tu parles d‘une pièce de Vie !) …
On y mangeait … Môman Cuisinait, moi je Jouais , Môman Lavait, moi je Jouais
, Môman Repassait, moi je Jouais
, Môman Astiquait, et moi je jouais
… Jouer Jouer Jouer. Qu’est-ce qu’on peut jouer quand on est môme ! … Hein, t’as remarqué aussi ?
Et môman : « Reste pô dans mes pattes ! »
Il aurait fallut pouvoir se frayer une petite place entre la couverture destinée à recevoir le fer à repasser, les montagnes de linge et tout le reste (divers aiguilles et bobines servant à raccommoder les chaussettes et autres accrocs de la vie de mômes, … et il y’en avait )
Parmis tous ces objets, Y’en avait deux qui attiraient plus particulièrement mon attention : l’oeuf à repriser et le dé à coudre. Je ne comptais plus les tapes sur les doigts et les « Tssst Touche Pô à çà ! » « COMBIEN DE FOIS FAUT-IL TE L’DIRE ? »
Quand je dis tout l’embroglio : C’est TOUT, car parfois cette pièce de vie (?) se transformait en salle de bain avec la grande bassine au sol et les serviettes éparpillées tout autour .
T’étais bien en train de traîner une tite voiture sur le sol « vroum vroum » … quand tout d’un coup, on te choppait par le coude . Deux temps, trois mouvements, tu te retrouvais à poil, le cul dans la bassine où l’eau était forcément trop chaude. Fallait bien çà : l’eau refroidie tellement vite de nos jours (Bô…?)
« Mais môman, je me suis lavé EN ENTIER, y’a 8 jours ! »
« Et Alors ? On est DIMANCHE ! Frotte ! Et derrière les oreilles t’oublie pas …FROTTE ! »
« Le dimanche faut être PrrrÔÔpE. Laisse pô l’eau se r’froidir ! »
« Pffffffff »
Y’avait de la flotte partout , un peu comme Marilandsans le phoque (quoique ?…)
« Bon dieu » de savon de Marseille : toutes les 3 secondes, il t’échappait de ta p’titemain, et sautait au milieu de « la salle de bains de vie », ou alors souvent il venait se splatcher dans la bassine … Tu parles : un pain de savon de 300 gr dans une gamelle d’eau, Ch’te raconte pô !
Dans la bassine, il y avait de moins en moins d’eau, par contre dans la Cuisine de Bain, Ch’te raconte pô non plus … Rôôh hihihi !
« T’AS FINI OUI ? » »Mets toi debout que ch’te rince »
J’hurlais debout dans ma bassine (la bouilloire n’avait pas eu le temps de tiédir l’eau de rinçage).
« Tiens-toi droit. Tu vas en mettre partout ! »
Et l’eau me coulait sur la tête, et roulait sur le dos, sur le ventre … Je Haaaaan ! Je pâmais, la respiration coupée et je poussais des cris de phacochères pris dans un piège , et môman gueulait encore plus fort que lui. L’eau roulait sur mon ventre, et suivait son chemin jusqu’à mon zizi, et repartait en une petite cascade direction la bassine.
« TU FAIS PAS PIPI DANS L’EAU, ISPICE DI DIGOUTANT ? »
« Mais nooon Rôôh »
A mes chevilles, l’eau avait changé de couleur : le savon et la crasse formaient de petits îlots flottant à la surface.
Il était temps de sortir de là, les lèvres violacées et tremblantes. Je devais m’asseoir sur le tabouret et laisser mes pieds suspendus au dessus du récipient.
Et môman faisait couler le restant de la bouilloire sur mes pieds histoire de faire disparaître cette écume crasseuse.
« Oh P***** ! »
Et après, elle me frictionnait avec de la « l’eau de cologne » qui sent bon. Ça te chauffe les membres, le corps Huuumm ! C’est bon !! J’avais le nez au plafond et les yeux mis clos … Elle me frictionnait et ma tête, mon corps tournaient de droite à gauche : une Ivresse ! Je crois avoir connu mes premières sensation intimes de gamins à ces moments là …
J’aurais aimé que ça dure plus longtemps, mais elle avait pô l’temps . Elle m’essuyait avec la serviette éponge (on aurait cru un sac à patate, tellement elle était rêche. LA SERVIETTE Rôôh T’es C** !
Oh PURÉE ! je vois pô le temps tourner.
Je cause, je cause …
Je voulais te parler de mes WC,
et Pan, je suis parti sur autre chose …
Quand c’est comme ça : tu me le dis,
et je stoppe de suite … Y’a pas de soucis.
On verra pour les wc une autre fois, si tu veux bien …
La veille
Tiens BÔ, T’es là Toi ?
Bonjour ! Comment vas-tu bien ?
Ça va la famille ?
Moi ? Bô ça va … Merci
Ça va l’faire !
Bon Bin ….Euh.. à la demande générale de Bichette, je vais vous conter mes Noël (éloignez les enfants, car je vais dévoiler quelques secrets restés secrets).
Chez moi, nous avions peu de moyens, certainement bien en de çà de la moyenne même … Môman, mère de famille à la maison et Pôpa, ouvrier en fonderie.
Hop hop hop ! Pas la fonderie moderne, pô la automatisée où c’est qu’c’est le robot qui s’agite dans une danse rituelle et qui porte et qui débite. Non, la fonderie à l’ancienne, à la main, avec les moules de sable noir qui te brunissent à jamais les mains et la figure, et qui t’encrasse le bleu de travail et le transforme en une loque innommable.
Des dragons, j’vous dis : DES DRAGONS ! ! !
Il y avait les fours aux gueules gourmandes crachant parfois leurs venins incandescents sur les visages burinés de ces pauvres hommes accablés par les heures de travail.
Ces traîtres gerbes incandescentes qui te fauchaient une vie en un éclair éblouissant.
Je me souviens des mains de mon père : sparadrap et crevasses, crevasses et sparadrap, cloques et écorchures … des mains puissantes, guère douées pour les caresses . Mais, au combien, habiles pour tous les travaux (du plus délicat au plus grossier). Jusqu’à mes 10 ans, j’étais persuadé que ces mains là étaient plus courageuses que celui à qui elles appartenaient. Qu’est-ce qu’on peut être c** quand on est môme
.
Bon, où j’en étais ?
Éh ! Faut pô hésiter ! Quand tu vois que je fais long : tu me le dis !
T’attends la fin, mais tu me le dis …
Oui … le dimanche qui précédait le jour J, Pôpa allait dans les bois chercher Eul’ SAPIN …. Hop Hop, pas le sapin de 0,80 m, NON, un gros bien dodu et qui touchait presque le plafond, presque car il fallait laisser la place à l’étoile du haut (l’étoile du HAUT ? … Hihihi …)
Et pis, c’était pas l’sapin avec la petit épine. C’est le vrai qui sent le sapin quand il est vivant. Les épines étaient longues et fières (de quoi que je cause là ?)
Oui, les épines : bien vertes, elles étaient. Pô de la bleue, pô d’la qui tombe pas, pô d’la synthétique …
NON : de la vraie !
Bref, Pôpa avait caché le sapin chez pô où, et le 24 … Décembre, bien sûr … t’es C** TOI ! Pô le 24 juillet Pfff.
Donc la veille :
OUH Youh youh ! ! ! Mon dieu, qu’est c’qu’il est beau c’te sapin !
C’était l’unique fois dans l’année où j’entendais ma mère complimenter mon père :
You Houuu !
J’avais toujours envie de lui dire : « Éh Oh, Môman, mais ouiiii qu’il est beau, et que ça nous fait plaisir de voir eul’beau sapin ! ». Mais je n’ai jamais osé lui dire « Et Même que c’est pôpa qui l’a choisi ! »
Ni une ni deux, à peine terminé de l’installer, nous nous efforçions à l’embellir des 3 pauvres guirlandes dépareillées, dépoilées. Et cette année encore, je n’avais toujours pô le droit de mettre les boules fragiles. Oui, elles cassaient encore à cette époque. Et y’avait pô de guirlandes électriques, NON, c’était des bougies fixées sur des sortes de pinces accrochées aux branches. Je sais toujours pas comment qu’ça se fait qu’on ait jamais foutu le feu à la baraque !
Je vous raconte pô les fois où mon père a bondi sur le pôv sapin qui commençait à crépiter de l’épine. Et vas-y des coups de torchons et vas-y les mains qui frappent les étincelles. Mon petit frère tout joyeux de voir mon père applaudir devant un spectacle imaginaire frappait des mains également et éclatait de rire.
Bref, là, le sapin a déjà pris deux trois mandales et est déjà un peu moins fier. Nous non plus d’aileurs: « on a failli foutre le feu » devait se dire pôpa.
Bon, allez, tout le monde au lit !
Sinon, le Piiirr NoYil Y passera pô !
Avant, vous chantez »Eul bô Sapin … »
et Zou au lit ! ! !
Je crois que j’ai fait un peu long, Non ?
Si tu t’ennuies, tu peux aller sur « Oust » ou ailleurs.
Attends j’ai oublié la « l’Étoile » (découpée dans du carton et recouvert de papier argenté, un vieil emballage de tablette chocolat certainement)
Si tu veux le réveil du 25, tu me le dis, sinon, je passe de suite au 25 de cette année, mais tu sais ce ne sera pas plus rigolot …
un Fauteuil Pour Deux
Saperlipopette ! T’es là ?
Si j’avais su, je me serais dépêché un peu plus vite …
M’enfin ! Tu vas voir, çà va!ait vraiment l’coup d’attendre.
Ah bin, tu sais que tu me fais plaisir. Vraiment !
Ca fait longtemps qu’t'es là ? Bin Zut t’as l’moral …
J’vais t’dire : C’est pô moi qu’aurais patienté comme çà :
Deux jours à camper devant l’ordi pour pouvoir lire le new article à l’KiKi
(un peu comme pour les concerts de Tokyo hôtel)
C’est un peu spécial aujourd’hui … TRÈS SPÉCIAL dirais-je !!!
Bin oui, aujourd’hui je vais te causer de mon handicap.
Bô ? Tu l’savais pô ?
Pfff ! T’étais où avant ? Sur quel blog ?
HEIN ? ! T’étais où ?
Pfouff ! Laisse-moi rire. C’est nul là-bas.
Tu dois vraiment te faire c**** !
BON, ca c’est fait !
Regarde mon futur fauteuil roulant :
Hihihi … Hiiii Haaaaa !!!
Je suis le maître du monde … !
Avec çà… Si ça le fait pô ?
Y’avait bien les classiques, mais …
Alors, ma tête du haut et moi avons pensé à çà :
Tu vois l’idée ? Hihhi !
Non ? Bon, Laisse tomber ! ! !
Électrique tu l’veux ? 2 joystiks ? T’es malade !?
Ah bin, On n’est pô rendu. C’est moi qui t’le dis ! ! !
- On va à droite (que je lui dis)
- Non à gauche ! (qu’em dit)
- à droite que ch’te dis PFFF !! (que j’lui dis) …
T’avais pô compris ! ! !
Si c’est pô clair, tu m’le dis, t’hésite pô …
Oui, c’est à toi que j’cause, pô à elle. Pfff !
Vous savez !
OUI, j’vous parle à vous : les milliers de lecteurs de Saperlipopette.
Si vous n’êtes pas plus attentifs à c’qu’j'dis … Ca va pô le faire … Pô l’faire du tout !
Bon je continue, et là c’est elle qui cause en premier - OK ?
– Moins vite ! (qu’em dit)
- Tiens ta droite B—–! (j’lui dis)
- Et pis tu m’énerves ! (qu’em’dit)
et bla bla bla et bla bla bla … !
– C’est ça … Casse toi ! (que j’gueule)
Bon bin Hein !
Y va m’falloir retrouver c’te GPS
IL EST OÙ eul’GPS ?
qu’j'en ai marre !
Spray anti-prout
Yô Bonjour !
T’es encore là, malgré l’odeur ?
Ché pô comment tu fais ?
Reste si tu veux m’aider,
et les autres, Oust !
Ça sent pô bon sur Saperlipopette depuis que certaines Sauvageonnes
viennent »prouter » chez moi.
Après, ni une ni deux, elles vont chez la Lily et la Catine où y a du sent bon (trop je trouve).
M’en fous, ce matin j’ai dégoubillé chez la Calole, NA.
Ça suffit, non mais, fô pas me prendre pour un c** .
Donc vaste opération Nettoyage et Désodorisant chez moi …
Saperlipopette le retour …
hummmm, ça hume bon maintenant …
ça sent la rose .
le prout
Un vent de folie
souffle sur les blogs
Saperlipoprout ?
Alors, pour ne pô être en reste
avec les blogs à la Lily et la Calole,
je me dois de vous informer sur
le prout !
« Bô ? » Que ma tête du haut me dit !
« Bô, le Prout Marcel ? Ou le prout, que tout le monde connaît ? Tu crois que ça va intéresser un sujet pareil ? »
Si, Si T’inquiète, que je lui dis, Ils aiment bien !
Regarde chez la Lily et la Calole ,… elles font un tabac
avec leurs sujets : Pipi Caca
Tiens, écoute-moi bien :
Je viens d’apprendre des trucs que je ne souçonnais même pô ?
Siiii siii, écoute-bien :
Une flatulence … est la production d’un gaz digestif, souvent expulsé hors du tube digestif par la bouche (rot) ou l’anus (pet, vesse).
« ça je savais … »
Flatulence vient du latin « flatus » qui signifie « souffler ».
»ça je savais pô … »
Alors souffler n’est pas jouer ?
Pourtant j’en connais une paire qui s’amuse bien
avec ces choses là ! Hihihi
Les flatulences sont le résultat de la fermentation des matières décomposées ; on y trouve notamment des gaz non odorants : du méthane (gaz inflammable produit par des bactéries), du dioxyde de carbone, de l’azote, de l’oxygène, de l’hydrogène, et des gaz odorants sulfurés.
Eh OUI,
T’es une vraie machine à gaz !
On distingue plusieurs sortes de « pets ». En effet, il y en a des longs, des bruyants et des sourds qui produisent souvent un effet de dégoût.
En moyenne, une personne libère par jour de 0,5 à 1,5 litre de gaz, en 12 à 25 occasions . Les herbivores en produisent plus de flatulences sur la santé n’a pas pu déterminer de différences significatives entre les populations suivant leur fréquence de flatulation. Il a été prouvé que les personnes ventilant le plus fréquemment étaient plus heureuses
(contrairement à leur entourage).
« ex moche-môman ne devait pas prouter assez souvent, j’te l’dis !!!
L’odeur des flatulences provient de petites quantités de sulfure d’hydrogène et de mercaptans dans le mélange gazeux.
Le méthane étant un gaz à effet de serre, les rejets de celui-ci par flatulence peut contribuer au réchauffement climatique. Les principales sources de rejet de méthane proviennent de l’élevage (notamment bovin produit par les rots principalement) et des termites. Il n’a cependant jamais été prouvé que le méthane d’origine animale ait un impact significatif sur l’effet de serre.
Le pet ne se propage pas à la vitesse du son, sinon il serait senti dès qu’il est entendu. La vitesse de propagation du pet dépend des conditions atmosphériquesatmosphériques
En moyenne, on produit environ un demi-litre de gaz par jour (mesuré à température et pression ambiante), évacué en moyenne au cours de 14 pets.
Les hommes semblent en tirer plus de gloire que les femmes.
Il semble que les pets ne s’échappent involontairement que quand la personne est très relaxée.
Les gaz s’accumulent pendant la nuit et c’est au réveil que le « dégazage » se produit.
Les pets s’enflamment. Selon leur composition chimique, brûlent avec une flamme bleue ou jaune …
Pet de rhinoféroce … un peu râté
Bon avec cet article … Si t’es pas plus
enjoué qu’çà, c’est que tu dois être un peu
coincé du c – - …
Laisse-toi aller
NON ! ! ! Nooon
PAS ICI ! STP
Ça Y’est, Je l’ai eul’GPS
N‘oubliez pô
de répondre au sondage
Tiens tiens tiens ! ?
Comme on se retrouve ?
Installe toi … Fais comme chez toi
Pourquoi t’es pô chez Oust ou Carpe Diem ?
Oui je comprends …
mais je vais pô dire du mal d’elles.
Elles sont braves Ouiiiiiiiiiiiiii
Ça y’est, je l’ai le GPS
avec la dame qui cause dedans
Je vais pouvoir aller m’acheter mes clopes au tabac du coin en toute tranquilité.
Je l’ai programmé sur fORUMEU (aller simple).
J’avais le choix à pied ou voiture. J’ai mis « voiture ».
Un autre choix avec péage ou sans péage : J’ai mis « sans ».
Essence, Gaz ou Diesel. PFFF ! Tu commences par me courir le machin
Ça semble une bonne marque c’te « Gueule Pô Stp », mais un peu tête de bois sur les bords qu’il est le machin.
Je tape « Forumeu », Et Pan ! Il en veut pô.
J’efface, et je recommence « FORUMEU » ; Pareil, il me dit que la saisie est invalide. Il me parle d’un « Font-Romeu » (Pff ça commence bien, si Y connait pô sa FRANCE !) .
Je re-efface, et je re-tape .F .O. R. U. M. E. U. ; j’ai peut-être tapé un peu fort sur le « U », ça a fait ressort et le « U » s’est envolé derrière le tableau de bord … … je l’ai récupéré, non sans difficulté, mais je l’ai eu ! YeSSSSS ! ! !
Dans le fond du garage, j’ai trouvé un vieux tube de colle à rustine pour chambre à air. Et hop, un ch’ti peu de glu glu sur le petit « U ». Pfff ! ! ! … POURRI qu’il est c’te tube ! (ça voulait pô sortir).
Alors, malin le KIKi (tu m’connais) : Il coince le tube sur le bas de caisse, et à côté, il cale le « U », et il claque la portière, et Vlan ! Et bin tu vas pô me croire ; Et bin Ça A MARCHÉ … (…) Si Si : Le « U » collé .. .
Mais y en avait trop du côté où il faut pô (c’est-à-dire du côté où c’est écrit).
Ce petit « U » me résistait, et mes gros doigts rendaient la chose plus difficile. Bref, j’en avais plein sous les ongles. J’en ai foutu partout ; Si bien que je me suis retrouvé avec plein de petites lettres scotchées au bout de mes doigts un « B » sur le pouce, le « K » et le « A » sur l’index et un « Z » sur le front et bla bla, je vais pô vous refaire l’alphabet « pot au feu » …
Bref, j’ai fini par remettre tout en place, presque comme il faut.
La prochaine fois, j’essaierai de mettre la ventouse. OUI Y’a une ventouse parce que sinon çà marche pô bien, si tu le mets dans la boîte à gants …
I M P O R T A N T
N‘oubliez pô
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